Avant qu'il ne soit trop tard, nous avons voulu revoir (après Michel Bouquet, il y a 3 semaines, au Théatre de Chartres dans Le Roi Se Meurt) un autre monstre sacré du théâtre français : Robert Hirsch.
jeudi 5 décembre 2013
théatre Hébertot Paris
Le Père de Florian Zeller, mise en scène de Ladislas Chollat avec Robert Hirsch, Isabelle Gélinas, Bernard Yerlès, et Élise Diamant, Sophie Bouilloux, Éric Boucher
"André n'est plus tout jeune. C'est ce qui pousse Anne, sa fille, à lui proposer de s'installer dans le grand appartement qu'elle occupe avec son mari. Elle croit ainsi pouvoir aider ce père qu'elle a tant aimé et qui la fait toujours rire. Mais les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu : celui qui pose ses valises chez elle se révèle être un personnage étonnant, haut en couleur, et pas du tout décidé à renoncer à son indépendance ... Elle voudrait bien faire, mais découvre qu'elle n'est pas au bout de ses peines ... On n'accepte pas si facilement de devenir, un jour, l'enfant de nos enfants."
site : http://theatrehebertot.com/
(jusqu'au 19 janvier 2014)
une mise en scène superbe, par petites scénettes d'une dizaine de minutes parfois plus, parfois moins, toutes terminées par un flash de lumière, comme traversant le cerveau du Père et l'emportant dans la profondeur de sa maladie d’Alzheimer. Le décor est de plus en plus sobre, pour arriver à la chambre dénudée d'une maison médicalisée. Certaines scènes sont la description de ce que pense et ressent le Père, s’imaginant persécuté et abusé par ses proches. Elles sont donc irréelles et hors de la vérité linéaire de l'existence des personnages. On pourrait en être dérouté, et pour ma part, aux premières scènes de la sorte, j'ai pensé (n'ayant rien lu, avant, sur le sujet de la pièce) à une histoire de manipulation de quelques uns pour récupérer les biens et l'appartement du vieillard. Mais non, il est bien ingérable, et devient incapable de vivre seul, tellement abîmé de l'intérieur par la maladie.
Du grand Robert Hirsch, comme d'habitude, malgré son très grand âge ! et très bien entouré surtout par Isabelle Gélinas
Je me souviens de lui dans "La Résistible Ascension d'Arturo Ui" de Bertolt Brecht, début des années 70, au TNP Paris, parabole sur la prise de pouvoir d'Hitler et son extension, transposées dans le milieu du crime aux États-Unis. Une pièce où cet immense acteur, avait de quoi exprimer son exceptionnel talent. Jouer les colères, limite coups de folie, d'Hitler / Al Capone devait être pour lui jubilatoire.